Selon une nouvelle étude publiée aujourd'hui, la plupart des Canadiens considèrent maintenant la cybercriminalité comme une menace pour leur pays, tandis que beaucoup croient aussi que leurs risques d'être victimes d’un cybercrime augmentent. Voilà quelques-unes des principales conclusions du Baromètre de la cybercriminalité 2018 d'ESET, une enquête menée auprès de 3 500 adultes en Amérique du Nord (1 000 au Canada et 2 500 aux États-Unis).

En tant qu'enquêteur chevronné sur les questions de cybersécurité, j'ai été choqué de constater que neuf Canadiens interrogés sur dix étaient d'accord pour dire que la cybercriminalité constituait un important « défi pour la sécurité intérieure du Canada. »

J’ai été tout aussi choqué de découvrir que les répondants pensaient que la cybercriminalité était un défi plus important que le terrorisme, la traite des personnes ou le blanchiment d'argent. Il est presque aussi inquiétant de constater que moins de la moitié des Canadiens jugent que les autorités, y compris les organismes d'application de la loi, en font assez pour lutter contre la cybercriminalité.

Qu’est-ce que ce baromètre de la sécurité?

Le Baromètre de la cybercriminalité d'ESET a été conçu pour évaluer l'attitude du public à l'égard de la cybercriminalité et de la cybersécurité, ainsi que son expérience dans ce domaine. Ce qui le différencie des autres enquêtes - comme celles conçues par les entreprises qui vendent des produits et services de sécurité - c'est que ce baromètre utilise un ensemble de questions cohérent avec des enquêtes similaires menées dans l'UE pour la Commission européenne. L'objectif de cette méthode est de produire des données qui pourront être utilisées en toute confiance par les décideurs et les responsables politiques, car les résultats résisteront aux défis posés par les accusations de biais potentiels dans la conception de l'enquête.

Vous pouvez télécharger le rapport 2018 pour le Canada ici : Baromètre ESET de la cybersécurité. Le rapport américain sera publié dans quelques semaines.

Le constat le plus troublant de cette étude est à mon avis la profondeur de l'inquiétude des Canadiens face aux menaces posées par la cybercriminalité. Cela devrait représenter un sérieux signal d'alarme pour les fonctionnaires, les dirigeants et les investisseurs de toute entreprise qui dépend de la participation des consommateurs à des activités en ligne.

D'autres éléments à noter de ce baromètre documentent certaines des façons dont les Canadiens réagissent à la cybercriminalité. On y apprend par exemple qu’un pourcentage faible, mais néanmoins inquiétant, de la population canadienne utilise moins Internet de nos jours, pour des raisons de protection des renseignements personnels et de sécurité. On note également des variations régionales intéressantes dans ces réponses à la cybercriminalité.

Le rapport indique également dans quelle mesure les préoccupations relatives à certaines cybercrimes sont disproportionnées par rapport au taux auquel ces crimes sont commis. Par exemple, il semblerait que les Canadiens s'inquiètent beaucoup d'être victimes d'un vol d'identité, mais relativement peu d'entre eux disent avoir été victimes de ce crime. Une explication possible est fournie dans le rapport.

Comme les lecteurs réguliers de WeLiveSecurity.com le savent, j'ai déjà exposé les arguments pour évaluer l'opinion publique concernant la cybercriminalité et la cybersécurité. Vous pouvez les lire ici : Why ask the public about cybercrime and cybersecurity? (ou Pourquoi interroger le public sur la cybercriminalité et la cybersécurité?).

À mon avis, ces résultats de l'enquête sont la meilleure indication à ce jour que, à moins que la cybersécurité et la dissuasion de la cybercriminalité ne soient considérées comme des priorités par les organismes gouvernementaux et les entreprises, le taux d'abus des systèmes et des données continuera à augmenter, ce qui minera davantage la confiance du public envers la technologie. Comme je l'ai dit dans le rapport, le maintien et l'accroissement de cette confiance sont essentiels au bien-être économique du Canada, maintenant et à l'avenir.